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Date 15 septembre 2019
Auteur webmaster@sply-prod.com
Categories ActualitéHaute-Savoie

Borly II, le projet abandonné

« Le monde actuel, le monde sans autorité consacrée semble placé entre deux impossibilités : l’impossibilité du passé, l’impossibilité de l’avenir.» Chateaubriand nous offrait ces mots en 1841, dans l’un des derniers chapitre de Mémoires d’outre-tombe. Pourtant, presque deux siècles plus tard, ses simples phrases résonnent avec encore plus de justesse et proposent un constat amer: l’Homme, prisonnier du Nouveau Monde qu’il a crée, se tortille au présent dans des questionnements décisifs pour son avenir… Voici notre réalité. Quelle réalité ? La réalité d’une société où tout va trop vite, où tout être humain veut être entendu et reconnu tout autant que son voisin comme partie intégrante de la société dans laquelle il naît…où l’étendue technologique et capitaliste se frotte à un accroissement démographique incontrôlable, où l’être humain prend toute la place et colonise la Nature, perdant un solide allié dans une bataille qu’il mène on ne sait contre qui, sinon contre lui même… « le monde court à sa perte »… perte de quoi ? Vers où court on ? il y a de quoi en perdre son Latin, en perdre ses origines, en perdre son identité nationale, mais surtout son identité humaine… Où allons nous ? Quel sens donner à nos actes ? « L’absurde naît de la confrontation de l’appel humain avec le silence déraisonnable du monde » disait Camus… cri désespéré du non-sens en haut de la montagne du vide.

Nous sommes à Cranves Sales, village de Haute-Savoie faisant partie de la Communauté de Commune d’Annemasse Agglo. La Haute-Savoie est la région la plus dynamique de France sur le plan de l’emploi, de par sa proximité avec Genève, Eldorado du travail pour les frontaliers.

Mais comme pour partout, le paradis a son enfer : la région est troisième en terme de pollution atmosphérique, pollution découlant des problématiques des industries et de celle du transport, créant la problématique du logement, des conditions de vie, et menant tout simplement au constat suivant : à force de nommer les problématiques, il serait peut être temps d’oser appeler ça un problème. Un véritable problème. Qui rêve de cacher le nez de son enfant pendant le trajet qui le mène à l’école pour qu’il ne respire pas l’air impur de sa ville? Qui rêve de perdre 3h de son précieux temps dans les vapeurs des pots d’échappement pendant pour faire une cinquantaine de kilomètres par jour pour aller travailler ? Qui a envie de devoir justifier toujours plus de la stabilité de sa situation sociale pour avoir le droit à un logement hors de prix ? Soyons honnêtes, personne. Mais n’oublions pas qu’il s’agit d’une des réalités quotidiennes des habitants de Haute Savoie. C’est un fait : au pied de nos jolies montagnes, on étouffe.

Au milieu de cette saturation, il y avait le Projet Borly 2 : construire sur 30 hectares de terres agricoles et naturelles une Zone D’Activité Artisanale. Merveilleux projet qui répondait non seulement au SCOT ( Schéma de Cohérence Territoriale de l’Agglomération ) mais aussi au PLU ( plan local d’urbanisme ) de Cranves Sales. La volonté primordiale d’Annemasse Agglo était de créer de l’emploi et donc de répondre aux réelles nécessités de la région… Une belle étude de projet et de sa faisabilité a été menée par les élus. On peut encore trouver sur internet le travail colossal fourni sous le nom Projet de création de la ZAE de Borly. Pour les intéressés, ce sera 375 pages à lire, montrant les atouts et inconvénients, les solutions…tout avait été réflechi. Tout semblait répondre aux besoins de la ville. Besoin de place, besoin d’espace.

Ville d’action à la course effrénée contre le temps qui court et dévale la pente pour se retrouver face à une énorme complication : il y a de plus en plus de gens, il faut des emplois, des maisons, des supermarchés. On vient de le dire… Le serpent se mord la queue ! C’est un prisme de réalité du Présent en Haute-Savoie, et le présent c’est maintenant ! Oui ? Oui mais non. Quand on parle de prisme de réalité, on parle d’un angle de vue sur une problématique. Que l’on s’entende bien il ne s’agit pas de remettre en question le problème de logements, d’emploi, de transport… il est réel. Mais il n’est pas le seul. Or, il est du devoir de nos élus, nos représentants, nos porte-paroles, ceux à qui on délègue notre Responsabilité d’actes, de choix et d’actions, oui, il est de leur devoir d’analyser le problème avec objectivité et d’y répondre démocratiquement. La charge est lourde. Que l’on s’interroge… comment pouvons nous attendre que « ça passe » ? comment pouvons nous continuer à être mal à l’aise dans notre présent, dans l’impossibilité d’un passé, impossibilité d’un avenir ( pour reprendre les mots de Chateaubriand) sans prendre part au monde ?

Comment peut on DÉLÉGUER notre RESPONSABILITÉ HUMAINE, c’est à dire notre devoir de Vie, à des municipalités ? Faut il préciser qu’Exister, étymologiquement, c’est à dire dans son sens premier et profond veut dire « sortir de soi », « se manifester », « se montrer »… Au milieu du malaise sociétal palpable que l’on voit grandir au sein du Monde, de l’Europe, de nos pays, il faut maintenant faire naître nos consciences de citoyens. Il faut s’avertir, et engager de sa personne… Donner du sens, acter, agir. Il faut sortir de soi, se montrer et se manifester… Il nous faut EXISTER. Chacun.

Et petit à petit, à Cranves Sales, les habitants sont sortis. Ce fut même un soulèvement général. On se regroupe, entre agriculteurs et simples citoyens, pour refuser ensemble. Pour regarder le problème sous un autre angle… Pour sauver «ce corridor écologique». Pour pointer du doigt l’absurde de la situation: est il normal de se retrouver dans un couloir pour prendre l’air? Et on veut en plus détruire ce couloir? Comment a-t-on pu en arriver à ça: la Nature où s’était installé l’Homme par le passé doit maintenant demander l’autorisation pour conserver au milieu de la ville de maigres espaces de fleurs? « Il y a la place ailleurs » affirment les habitants. Borly1 ne répond déjà qu’à moitié à ce qui était attendu en terme de création d’emplois… pourquoi un Borly2, pourquoi ne pas continuer ce qui a été commencé sur Borly1… pourquoi détruire 30 hectares, prendre le risque de faire disparaître une faune et une flore déjà retranchée et cloisonnée par le béton ?

30 hectares de terres agricoles et naturelles, c’est déjà de l’emploi qui existe, et peut exister sans modification territoriale. En Haute Savoie, la difficulté de l’accès au foncier est le frein numéro 1 à l’installation de jeunes agriculteurs… Et des porteurs de projets il y en a! Sur plus d’une trentaine sur 2018, seulement 4 ont eu la chance de trouver des terres… On pointe aussi du doigt un autre prisme de réalité: toute cette population qui s’est installée, s’installe et continuera de s’installer en Haute Savoie, il faut bien la nourrir… et maintenant, dans notre Présent, le citoyen s’éveille et réalise : c’est le travail agricole qui nous donne à manger. C’est les agriculteurs qui répondent à nos besoins primaires.…

Alors un collectif se crée :le CABA, qui regroupent paysans et citoyens, écolos et habitants… Et c’est la que tout prend un autre sens. A travers ce collectif, ils unissent à leurs causes la Confédération paysanne, l’AAFA, la FDSEA, la Coordination Rurale, La chambre d’agriculture. La Pensée Sauvage, GAEC de la vallée se fait porte parole du CABA, sollicite Manu Chao pour pouvoir monter sur scène pendant son concert au Paléo Festival et ainsi, informer, diffuser, rallier le peuple, trouver du soutien…Parce que l’union fait la force, parce qu’il y a résistance, parce qu’il y a positionnement dans le temps : pour stopper le passé, modifier le futur. Parce qu’ils se veulent Acteurs, décisionnaires.… Parce qu’ils créent du sens dans le Vide. Parce qu’ils veulent se faire entendre. Parce qu’ils crient dans le silence déraisonnable du Monde, et qu’on leur répond, comme un écho à l’unisson…Parce qu’ils se montrent, se manifestent… Parce qu’ils Existent.

« Une nation qui détruit ses sols se détruit elle-même. » Tel est le message du CABA…
En octobre 2018, l’annulation du projet est décidé par Annemasse Agglo. Et c’est dans un soulagement général et sans doute une immense fierté d’avoir été entendu que le CABA organise une journée de rassemblement à Borly pour célébrer la victoire. Dans la joie. Car les actionnaires ont osé dire et faire. Ils ont montré, analysé et réflechi ensemble à un projet concernant leur territoire… et on les entendu. Respecté. Pris en compte.
Et comme il ne sert à rien d’être Contre par principe, mais qu’il s’agit de défendre ses valeurs, le CABA propose un projet: le Pôle Agricole de Proximité. «Constitué de producteurs aux activités variées, leur regroupement permet de proposer en circuits courts ou longs une offre alimentaire diversifiée sur un territoire donné, de valoriser le territoire, de diversifier et pérenniser l’économie agricole locale , d’installer de nouveaux agriculteurs pour renforcer le lien urbain-rural…» Et créer du lien, faire sens, il semblerait que le CABA sache faire… https://alternativeborly.wordpress.com/construire-lalternative-un-pole-dactivite-agricole/un-pole-agricole-de-proximite-kesako/

Affaire à suivre…

«La logique du révolté est de vouloir servir la justice pour ne pas ajouter à l’injustice de la condition, de s’efforcer au langage clair pour ne pas épaissir le mensonge universel et de parier, face à la douleur des hommes, pour le bonheur.» disait Camus dans l’Homme Révolté… il semblerait que le travail d’Homme soit Ici et Maintenant l’affaire de tous… dans un pari un peu fou, on chante à l’unisson pour contrarier l’absurde… il semblerait que chaque être humain sorti de sa soumission au Monde d’hier a le devoir de réfléchir sur son Demain…il semblerait qu’il y ait des Possibles multiples dans les impossibles de ce cher Chateaubriand… Il semblerait que quand le Présent est réveillé, il prépare un avenir Meilleur.

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